May le Monde [Michel Jeury]

L'auteur : Michel Jeury est un écrivain français de science-fiction, né en janvier 1934 en Dordogne. Le temps incertain a été un de ses premiers romans à marquer un tournant dans le paysage de la SF française. Après avoir délaissé ce genre pendant plusieurs années, il y revient avec May le monde.

L'histoire : May a dix ans. Peut-être est-elle en train de mourir. Le docteur Goldberg l'a envoyée en vacances dans la maison ronde, au milieu de la forêt, rejoindre quatre locataires, Thomas et Lola, Nora et la docteure Anne. Ils sont chargés en fait de distraire les enfants malades. Et de leur apprendre le monde.
Un monde qui ressemble au nôtre. Mais qui n'est pas le nôtre, qui en est prodigieusement distinct et distant, sur une autre brane. Où tout, en réalité, est différent, subtilement ou violemment. Le docteur Goldberg vous expliquera ça.
Encore heureux qu'il y ait le Changement, sans lequel la vie ne vaudrait pas d'être vécue. Et l'Extension, si vaste qu'elle cache peut-être, dans quelque recoin d'un monstrueux capharnaüm, ce que May nomme en langage grimm's mondo paradisio.

Mon avis : Assez amusant le jeu de mot : "may" en anglais pour "ce qui pourrait être". En fait, ça résume assez bien le livre : on aurait pu parler ce français différent mais ce n'est pas le cas. Alors, je lis 400 pages d'un langage que je comprends mais qui n'est pas le nôtre (comme si on lisait du patois profond). Étrangement, c'est beaucoup plus fatigant que de lire en anglais par exemple et ça implique une attention constante qui m'a empêché de me laisser porter par le côté clairement onirique de l'univers. Ajoutez-y une structure en chapitres hachés menu qui sautent d'un monde à l'autre, d'un personnage à l'autre selon une trame très brumeuse (comme un rêve d'ailleurs) et je suis vite passé du changement au châtiment. Je l'avoue, j'ai souffert pour finir ce livre et pourtant j'étais heureux de voir un livre français dédié à l'imaginaire (je ne dirais pas science-fiction). Je me suis même attaché à cette gamine, May, impertinente et maligne qui se crée un monde qu'elle aime pour oublier sa maladie, voire pour mieux s'en aller.
Je me suis dit que Michel Jeury, dont je ne connais pas les ouvrages de SF précédents, allait nous emmener quelque part dans ce récit qui tourne au délire cyclothymique sous LSD ou plutôt sous morphine. Mais, au-delà de la moitié du livre, j'ai ressenti que jamais il n'aboutirait à autre chose. Je suis allé jusqu'au bout avec l'espoir de voir poindre l'étincelle finale qui me blufferait et ferait tenir l'ensemble. Mais non pas d'étincelle... Si je me doutais de la fin, elle m'a fait un pincement au cœur malgré tout. Par contre, les dernières lignes m'ont laissé très perplexe : qu'a voulu dire l'auteur ? Je n'arrive pas à savoir s'il y a de l'espoir là-dedans et pourquoi cette étrange allusion finale que je ne dévoilerai pas !
Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce livre. Je pourrais le laminer bêtement mais il y a un tel effort de l'auteur sur le langage et la volonté de construire quelque chose de totalement nouveau que je ne peux pas tout jeter à la poubelle. Dommage, la petite May méritait peut-être plus à mes yeux...

Commentaires

Nelfe a dit…
Ah ça y est, tu l'as terminé.
Bon je viens de lire ton avis et nous sommes d'accord sur les grandes lignes. J'ai souffert également, j'ai même trouvé l'écriture affreuse et j'irai même jusqu'à dire que parler petit nègre n'invente en rien un langage... Bref je suis très déçue par cette lecture et j'ai bien souvent voulu l'abandonner. J'ai persévéré, pensant trouver une explication, une fin "qui tue" et puis non rien...
Je ne conseillerai donc pas cette lecture.

Si tu veux lire mon avis détaillé, c'est là: http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2010/09/05/18984765.html

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