Kolyma [Tom Rob Smith]


Après Enfant 44 où Tom Rob Smith s'inspirait du tueur en série Ukrainien  Andre Tckikatilo, je me suis donc plongée dans cette suite, où on retrouve Leo et sa famille composée, au cœur de Kolyma, un des goulags d'extrême est de la Russie.

L'histoire : 1956. L'URSS est plongée dans le chaos. Khrouchtchev entreprend sa politique de déstalinisation : le temps est venu de régler les comptes.
Ex-agent du contre-espionnage, Leo Demidov est à la tête d'un département de criminologie. Avec sa femme, il a adopté deux fillettes mais l'aînée hait ce père de substitution. Et elle n'est pas la seule...
Dans l'ombre, une femme ivre de vengeance attend son heure.
Pour sauver les siens, Leo n'aura bientôt d'autre choix que de se jeter dans la gueule du loup : le terrifiant goulag de Kolyma...

Mon avis : Nous sommes en pleine déstalinisation opérée par Khrouchtchev. Celui-ci, soucieux de se démarquer de son prédécesseur, fait paraître un communiqué dans lequel il reconnaît les erreurs et les égarements du régime, aveuglé par Staline et son culte de la personnalité. Mais ce rapport est exploité par d’anciens déportés pour se venger de leurs tortionnaires, saisis de peur à leur tour de voir leur proche et le pays entier prendre connaissance de ce qu’ils ont fait subir à leurs semblables. Dans ce climat, Fraera, ancienne femme de prêtre dénoncée et déportée par les bons soins de Leo dans ses premières années au MGB, décide de se venger : elle enlève la fille ainée de celui-ci et le pousse à aller au goulag de la Kolyma pour faire échapper son mari.
Cette fois ce n’est pas un policier. Nous suivons les aventures de Leo au fur et à mesure, mais sans suspens car la coupable est connue dès le début du roman. Mais la petite histoire croise la grande dans une aventure bigrement intéressante, juste peut être pas assez poussée. C’est qu’à force de nous intéresser par une plongée dans l’histoire de la Russie d’après Staline, on en demande davantage : le fonctionnement du goulag ; la déstalinisation ; le rapport entre Khrouchtchev et les bolchéviques ; les relations avec les autres pays du bloc communiste dont la Hongrie. Malgré le nom du roman, j’ai trouvé que la Kolyma n’était au final que peu évoquée et développée. Elle ne prend qu’un tiers du livre (à tout casser) et on sait peu de choses de la vie dans le goulag, puisque Leo très vite s’y soustrait.
Tom Rob Smith pose également la question de la responsabilité et de la culpabilité. Tous les bourreaux se dissimulent derrière la petite phrase « Je n’ai pas eu le choix » quand on leur demande des comptes. Entre individualité et collectivité, chacun se cache pour échapper à l’horreur. Certains en ressentent de la culpabilité, d’autres pas. Comment reconstruire un pays différent sur de telles bases ? Qui est la victime, qui est le bourreau ? Lorsque les anciens déportés et torturés prennent les armes face aux agents du MGB, les cartes se brouillent.
Au final, comme pour Enfant 44, j’en ressors avec l’impression d’avoir lu un roman intéressant à défaut d’un grand roman.

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Il m'avait déçu, par rapport au précédent. Mais j'ai bien aimé la partie "goulag", si je puis dire.
La chèvre grise a dit…
Je le trouve dans la même vague pour ma part. C'est un bon moment de lecture, mais pas de quoi en faire tout un plat comme j'ai pu l'entendre, surtout pour le premier d'ailleurs.
Alicia a dit…
J'avais beaucoup aimé Enfant 44, celui ci est dans ma PAL :D

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