Exposition : Keith Haring, the political line

Je sors de ma léthargique estivale le temps de vous présenter cette exposition vraiment très intéressante que je suis allée voir récemment.


Bâche de camion peinte - Keith Haring

Keith Haring est né en 1958 et mort en février 1990 des suites du sida. C'était un artiste multisupport, un performer, mais également un personnage engagé auprès des enfants et des minorités opprimées (homosexuels, noirs, latino-américains). Son œuvre reflète largement son engagement.
C'est aussi un fêtard, adepte du milieu de la nuit, des orgies sexuelles et de la drogue (même si, par peur de l'addiction, sa consommation restera "festive"). Nous sommes en plein dans l'explosion de l'épidémie du sida. Cela aura également des conséquences sur son œuvre car il verra ses amis atteints avant de ressentir lui-même les premiers symptômes. Il s'engagera également dans la lutte pour la prévention.
C'est un homme de la rue. Il se fait connaître en peignant librement sur les murs, les poutres, tout ce qui lui tombe sous la main. Sachant que ses peintures peuvent être vues par des enfants, il s'autocensure et ne représente ni violence ni sexualité. Seules les toiles de commandes ou plus personnelles verront de telles images. Il aime faire la fête, peint toujours en musique, sans dessin préalable, sans croquis, directement en peinture, d'où son assimilation au milieu des performers.
A noter que la quasi totalité de ses œuvres n'ont pas de noms et s'intitulent donc Untitled. Un peu compliqué pour s'y retrouver :-)


Engagement de Keith Haring contre l'apertheid
Chez Keith Haring, tout est volontairement très lisible, librement interprétable, à la limite du naïf. Il suffit de connaître quelques codes qu'il utilise : le chien /loup représente le policier ou l'Etat ; les rayons entourant les personnages ou les objets sont symboles d'énergie ; l'homme troué est un homme dont on a annihilé la pensée ; les personnages rouges sont souvent empreints de méchanceté ou de danger.

Bâches de camion peintes - Keith Haring
Porte de monte charge - Keith Haring
Masque - Keith Haring
Il peint sur n'importe quel support, souvent de grands formats. Lorsqu'il expose dans un musée, il peint à même les murs. Beaucoup d’œuvres seront ainsi perdues car recouvertes de peinture blanche pour accueillir les expositions suivantes. Mais Keith Haring est un auteur très prolifique. Lorsque ça cote montera, les gens iront même jusqu'à arracher poutres, portes, affiches et autres mobiliers urbains qu'il avait recouvert. Pour éviter tout merchandising incontrôlé, il créera lui-même tee-shirts et autres produits dérivés dont les bénéfices seront reversés à la fondation Keith Haring.

Andy Mouse - Keith Haring

Son personnage d'Andy Mouse est connu. Keith Haring adore Walt Disney mais critique son monde capitaliste. Il admire Andy Wharol mais critique sa période commerciale où il ne peignait que pour vendre ses toiles.

Inspiration aztèque - Keith Haring
Moise et le buisson ardent - Keith Haring
Keith Haring, très intéressé par les cultures anciennes, ayant fait des études de sémiologie, intègre dans certaines oeuvres des symboles graphiques ancestraux, venant de l'Egypte ou de l'Amérique centrale. Pour lui, aucun art n'est "grand" ou "noble", tout art doit être accessible à tous. Il se l'approprie donc.
De même, s'il a été bercé dans la religion, après avoir grandi dans une petite ville, il n'hésite pas à dénoncer les dérives de la foi, comme celles de toute forme de pouvoir qui s'impose à l'homme. On trouve parfois sur certaines œuvres le dessin d'un 84, qui renvoie bien sûr au roman d'Orwell. Capitalisme, Mass média, société de consommation, appât du gain, injustices face aux minorités, manipulation de la pensée sont ses thématiques dominantes.
Perpétuation de son œuvre - Keith Haring
Lorsqu'il apprend sa maladie, il devient obsédé par l'idée que son oeuvre et son engagement doivent lui survivre. Il souhaite marquer son époque.

Une vie fauchée en pleine fleur de l'âge - Keith Haring

A noter également la salle noire, où sont exposées des toiles recouvertes de peinture fluorescente. Celle-ci est difficile à mettre en avant car la lumière utilisée chauffe et cela abîme la peinture avec le temps. Cette salle noire est amusante et impressionnante, dans la digne lignée du pop art.


Pour résumer, une exposition accessible aux initiés comme aux néophytes, et même aux enfants. Je vous la recommande chaudement ! N'hésitez pas non plus à suivre la visite guidée, très agréable et bien menée.

Informations utiles :

Du 19 avril au 18 août 2013
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h Nocturnes les jeudis jusqu’à 22h et nocturnes supplémentaires les mercredis à partir du 10 juillet

Musée d'Art Moderne de la ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tél : 01 53 67 40 00

Tarif normal : 11€
Tarif réduit : 8€

Site du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris : http://www.mam.paris.fr/

Commentaires

bruns a dit…
Ca a l'air sympa ! ca a du bon, des fois, d'être parisien ! ;)
Theoma a dit…
j'ai eu la chance de voir une grande expo sur cet incroyable artiste au Moma de San Francisco, une merveille !!
Manu a dit…
Il y a bientôt une expo près de chez moi. Je ne la manquerai pas !

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