Morts violentes [Ambrose Bierce]

L'auteur : Né en juin 1842 et disparu autour de 1913 pendant la guerre civile mexicaine au côté de Pancho Villa qu’il rejoignit à plus de 71 ans, Ambrose Bierce était un écrivain et journaliste américain. Il est surtout connu comme l’auteur du Dictionnaire du Diable et de nouvelles d’humour noir. Ici, dans ce recueil paru sous le titre Tales of Soldiers and Civilians il s’agit surtout de décortiquer la mort d’un individu.

L'histoire : Dans Morts violentes, il n’y a pas de fantômes ou de phénomènes anormaux, mais une exploration clinique de la réalité la plus crue, dont l’issue est l’insoutenable horreur de la mort. À travers les cauchemars de la guerre de Sécession, qui valent ceux d’Edgar Poe, Bierce porte la short story à son plus haut degré de perfection et s’affirme comme l’un des précurseurs de la littérature américaine de XXe siècle.

Mon avis : Ce livre fait partie de ceux que je n’ai pas choisis et qui sont arrivés chez moi tout seuls, ou plutôt ici par le biais d’une amie qui m’en a fait cadeau. J’aime assez cette façon de découvrir des titres et des auteurs. Si ce n’est pas toujours un coup de cœur, c’est tout de même souvent le moyen de découvrir des auteurs connus par d’autres. C’est le cas ici : quelques recherches montrent vite qu’Ambrose Bierce n’est pas n’importe qui et qu’il sait manier le verbe en plus de parler d’expérience. Car Bierce a participé à cette guerre du côté nordiste en tant qu'officier cartographe à partir de 1861.

Vous savez aussi que je ne suis pas une amatrice de nouvelles. Pourtant, sur ce livre, cela ne m’a pas dérangé car le décor et l’ambiance restent les mêmes d’une nouvelle à l’autre. Pour toutes, il s’agit de la mort d’un individu lors de la guerre de Sécession, la plupart du temps d’un soldat. Les Confédérés et les Yankees sont toujours là, si ce n’est visuellement du moins la menace pèse.

La première nouvelle a un côté poétique qui m’a tout de suite fait penser au Dormeur du val de Rimbaud. Sauf que Bierce s’attarde sur les causes de la mort et se délecte, de façon assez morbide, des détails les plus gores. Le lecteur devine bien vite que cette fascination vient surtout d’un sentiment de peur profondément ancré, et qui mène parfois les personnages droit à leur fin. Le détachement de la narration accentue le dégout ressenti par le lecteur.

De l’indifférence des hauts gradés pour les pauvres erres qui se font massacrer, parfois sans raison, à la lutte fratricide (des sudistes se sont engagés aux côtés des nordistes par conviction et se sont retrouvés à combattre les leurs sur leurs propres terres) ; de l’obéissance aveugle à la honte d’avoir abandonné toute dignité et toute noblesse d’âme.

Voici un livre étrange dont je ne sais pas trop quoi penser au final. Il est intéressant historiquement et m’a valu pas mal de recherches sur internet pour me remémorer le contexte de la guerre de Sécession. J’ai par contre eu plus de mal avec l’aspect tactique et stratégique des mouvements de troupes car j’ai toujours beaucoup de difficultés à me représenter ce que ça peut donner visuellement, et c’est pourtant ici un point important pour chaque récit.  

Morts violentes, d'Ambrose Bierce
Grasset
Mai 2008

Commentaires

Unknown a dit…
Tout comme toi je ne suis pas fan de nouvelles mais tout ce qui touche à l'histoire me fait lever mes hésitations. Surtout si c'est sur la guerre de Sécession ( je connais très mal cet épisode )et si c'est basé sur du vécu alors je note. En plus je ne connais pas encore Ambrose Bierce, ce sera l'occasion.
Anonyme a dit…
Je ne sais pas si ce recueil de nouvelles me plairait mais ça pourrait être intéressant à découvrir!
Léa Touch Book a dit…
Ce livre a très intéressant, la guerre de sécession est une période qui m'intrigue énormément ! Merci de a découverte :)

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