Elle s'appelait Tomoji [Jirô Taniguchi]

L'auteur : Début d'année dernière, je vous parlais de ma deuxième lecture de Taniguchi, Le journal de mon père. En voici une nouvelle pour cette nouvelle année, apportée par le père Noël et repérée chez Sabeli.

L'histoire : Avec la délicatesse qui le caractérise, Jirô Taniguchi brosse le portrait de Tomoji Uchida, une jeune femme qui vécut au Japon dans les années 1920.
À travers ce personnage charismatique, au parcours jalonné d'événements douloureux, l'auteur redonne vie à cette époque rurale, pauvre et attachée à ses traditions qu'il affectionne tant.

Mon avis : Encore une fois, Taniguchi nous livre ici une oeuvre d'une grande humilité en mettant en scène un personnage vraiment attachant. Tomoji a une vie simple et sereine, pourtant jalonnée d'événéments douloureux. C'est une fille de la campagne : de cet environnement qui peut être rude, elle tire sa persévérance. À plusieurs reprises, elle va croiser sans le savoir le jeune Fumiaki, garçon de la ville qui deviendra des années plus tard son mari. À distance, ces deux êtres semblent faits l'un pour l'autre : ils sont habités par le même calme et, songeurs, contemplent le même ciel, à distance, absorbés par leurs pensées. Ils vont grandir, se construire puis se rencontrer.

Tomoji est un personnage qui ne parle pas forcément à la culture européenne : elle est la créatrice d'un temple bouddhiste de la région de Tokyo, fréquenté par Taniguchi et sa femme. Il s'agit ici d'une œuvre de commande. L'auteur donne vraiment tous les éléments pour que le lecteur soit happé par la sérénité qui berce la jeune femme. Pour cela, il fictionne la vraie vie de Tomoji, ajoutant ou enlevant librement des épisodes, montrant comment son parcours de vie va façonner sa personnalité et sa spiritualité. Le trait tout en douceur sert encore une fois magnifiquement le propos, que ce soit en noir et blanc ou pour les quelques planches en couleurs.

Une œuvre qu'il faut prendre le temps de savourer pleinement. Elle incite à l'introspection et au calme, alors autant en profiter. Ça vaut le coup !

Elle s'appelait Tomoji, de Jirô Taniguchi
Traduit par Corinne Quentin
Rue de Sèvres
Avril 2015

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